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Ptolemaeus
24 février 2009

Egouts de Paris (suite) - Mondes souterrains

Petite histoire des égouts de Paris (suite)

Suite à notre précédent article, voici la description du réseau d'égouts parisiens tels qu'il se présentait au tout début des années 1930. Le texte est tiré du même gros dossier d'entrepreneur.

Divers procédés sont employés pour réaliser l'évacuation des eaux usées des villes. On peut les grouper en deux systèmes :

1) "Système séparatif", si les eaux vannes sont séparées des eaux pluviales.

2) "Système unitaire" si les eaux vannes et les eaux pluviales sont évacuées par la même canalisation.

Le réseau d'égouts parisiens est du système "unitaire" c'est-à-dire qu'il est disposé de manière à pouvoir recevoir et à écouler la totalité des eaux pluviales et résiduaires provenant tant des voies publiques que des immeubles, y compris les matières de vidange.

Il est caractérisé par ce fait que les galeries en maçonnerie qui le composent ont des dimensions suffisantes pour qu'on puisse y circuler aisément dans toutes leurs parties.

Les sections adoptées permettent, en outre, d'y installer les conduites d'eau de source et d'eau de rivière, et d'autres canalisations, telles que les câbles télégraphiques et téléphoniques, les tubes pneumatiques pour le transport des lettres, les conduites d'air comprimé pour la distribution de force et les câbles de secours d'incendie.

Les égouts ne sont jamais utilisés pour la pose des conduites de gaz et des canalisations de distribution d'électricité.

Lorsqu'on ne peut éviter de faire traverser un égout par une conduite de gaz, celle-ci est entourée d'un manchon en fonte destiné à assurer un isolement complet.

On opère de même pour les canalisations électriques.

Les eaux amenées dans les égouts élémentaires construits sous les voies publiques, par les branchements de bouches et les branchements particuliers sont ensuite dirigées dans les collecteurs qui les conduisent ainsi que nous l'avons précédemment indiqué, hors de l'enceinte, dans la région Nord-Ouest.

Les eaux de la rive gauche, y compris celles de la Bièvre, petit affluent de la Seine, devenu depuis longtemps un véritable égout sont réunies à celles de la rive droite au moyen de trois siphons établis sous le lit de la Seine, en amont des Ponts de l'Alma et de la Concorde et en aval du Pont Mirabeau.

Le réseau comprend cinq collecteurs principaux et un ensemble de collecteurs secondaires.

Les collecteurs principaux sont :

1) Le collecteur de Clichy, dont la construction a été réalisée en plusieurs étapes de 1895 à 1907, s'étend sur une longueur de 7 km 200 de l'usine de Clichy au Boulevard Sébastopol. Sa plus grande section est située entre la Place de Clichy et l'extrémité aval et présente les dimensions ci-après : Ouverture : 6 mètres - hauteur : 5 mètres - largeur de la cunette : 4 mètres - profondeur de la cunette : 2 mètres - largeur des banquettes : 0 m. 90.

La pente générale du radier est de 0 m. 50 par kilomètre. Ses principaux affluents sont le collecteur des quais rive droite, le collecteur Sébastopol et le collecteur des Coteaux, de beaucoup le plus important.

2) Le collecteur d'Asnières qui a été construit de 1857 à 1861 a une longueur de 5 km 860 de la Place de la Concorde à l'usine de Clichy. Sa pente varie de 0,40 à 1 mètre par kilomètre.

Sur la plus grande partie de son parcours il a une section elliptique avec une ouverture de 5 m. 60 et une hauteur de 3 m. 05 au-dessus des banquettes.

La cunette de 3 m. 50 de largeur sur une profondeur variant de 1 m. 35 à 1 m. 50 est comprise entre deux banquettes de 0 m. 90 de largeur.

Il reçoit le collecteur du quai des Tuileries et par l'intermédiaire du siphon de la Concorde, les eaux du collecteur de Bièvre.

3) Le collecteur Marceau construit de 1865 à 1868 à une longueur de 4 km 500 de la Place de l'Alma à l'usine de Clichy et son radier présente une pente de 0 m. 262 par kilomètre.

Sa plus grande section se trouve dans la partie comprise entre la rue Gide à Levallois et l'usine de Clichy. Ses caractéristiques sont celles ci-après :

Ouverture : 5 m. 50 - hauteur au-dessus des banquettes : 2 m. 85 - cunette de 3 m. 50 de largeur sur 2 m. 00 de profondeur - Banquette de 0 m. 90 de largeur.

Les principaux affluents du collecteur Marceau sont le collecteur bas et le collecteur Bosquet sur la rive gauche ; les eaux de ces deux ouvrages arrivent à la Place de l'Alma en empruntant le siphon de l'Alma.

4) Le collecteur de l'Ouest construit de 1912 à 1923 a pour objectif principal d'améliorer le régime des égouts des 15° et 16° arrondissements et de décharger le collecteur Marceau. Il a une longueur de 3 km. 600 de l'Avenue de Versailles au droit de la rue Mirabeau à la Place de l'Etoile où il se raccorde provisoirement au collecteur Marceau.

Son radier présente une pente de 0 m. 45 par kilomètre. Sa section varie de 3 à 4 m. 00 de largeur sur 3 m. 25 à 4 m. 30 de hauteur et la cunette de 1 m. 60 ou de 2 m. 20 de largeur a une profondeur qui croit de façon uniforme de 1 m. 50 à 1 m. 60 comprise entre deux banquettes de largeur variable de 0 m. 68 à 0 m. 77.

Il reçoit les eaux des parties basses du XV° arrondissement par l'intermédiaire du siphon Mirabeau.

5) Le collecteur Nord dont la construction remonte à 1863 a une longueur de 11 km. environ de la rue de Bagnolet à la Seine à Saint-Denis.

Sa pente varie de 0 m. 40 à 1 m. 00 par kilomètre dans Paris, pour atteindre 2 m. 70 par kilomètre dans Saint-Denis. Sur la plus grande partie de son parcours il a une cunette de 1 m. 20 de largeur sur 0 m. 80 de profondeur comprise entre deux banquettes ayant l'une 0 m. 70 de largeur et l'autre 0 m. 50.

A la Porte de la Chapelle il est en liaison avec deux galeries appelées "Dérivations de Saint-Ouen" qui conduisent les eaux d'égout, par gravité sur le terrain d'épandage de Gennevilliers.

 


 

L'évacuation dans les collecteurs principaux, des eaux provenant de la rive gauche, des Iles Saint-Louis et de la Cité, et de quelques quartiers situés à l'Est du Canal St-Martin, nécessite le passage de la Seine ou de ce canal au moyen de siphons renversés constitués par des tubes d'un diamètre intérieur variant de 0 m. 40 à 1 m. 80.

Ces ouvrages au nombre de 7 sont :

Le siphon de l'Alma, construit en 1868 est constitué par deux conduites en tôle de 1 m. 60 de diamètre reposant sur une couche de béton de 0 m. 40 d'épaisseur préalablement disposée dans une rigole de 2 m. 20 de profondeur pratiquée dans le lit du fleuve et recouverte d'une couche de béton de 0 m. 70 d'épaisseur. Evacue les eaux des collecteurs Bas et Bosquet.

Le siphon de l'Ile Saint-Louis exécuté en 1890 est formé de deux tubes en tôle de 0 m. 40 de diamètre intérieur noyés dans une couche de béton arasée au niveau du lit du fleuve.

Le siphon de la Cité construit en 1880 comprend deux files de tuyaux en tôle de 0 m. 50 de diamètre, noyés dans un lit de béton comblant un fossé de 1 m. 00 de profondeur creusé dans le lit de la Seine.

Le siphon de la rue Saint-Sébastien qui permet d'envoyer dans le collecteur de Clichy, par l'intermédiaire du collecteur du Centre le surplus des eaux que le collecteur des Coteaux ne pourrait évacuer. Etabli en 1890 sous le Canal Saint-Martin, cet ouvrage est constitué par deux conduites de 0,40 de diamètre.

Le siphon de la Concorde établi en 1895 comprend une galerie circulaire de 1 m. 80 de diamètre intérieur revêtue d'anneaux en fonte. Son radier se trouve à 6 mètres au minimum sous le plafond de la rivière. Evacue les eaux du collecteur de Bièvre.

Le siphon Morland, construit en 1905 permet aux eaux des quartiers bas du XII° arrondissement préalablement relevées par les machines de l'usine Mazas de franchir le bassin de l'Arsenal pour arriver en tête du collecteur des quais de la rive droite. Il comprend deux tubes métalliques de 1 m. 00 de diamètre reposant sur une couche de béton de 0,35 d'épaisseur préalablement disposée dans une rigole de 1 m. 65 de profondeur pratiquée dans le plafond du bassin de l'Arsenal. Ils sont recouverts d'une couche de béton de 0,30 arasée au niveau du fond de ce bassin.

Le siphon Mirabeau commencé en 1913 et fini en 1920 reçoit les eaux du 15° arrondissement et les amène dans une bâ... (mot effacé : "bâille" ? note A. F.) d'aspiration de l'usine d'Auteuil qui après relèvement les évacue dans le collecteur de l'Ouest.

Il est formé d'une galerie circulaire de 1 m. 80 de diamètre, revêtue intérieurement d'un cuvelage en fonte. Il est établi sous le lit de la Seine à une profondeur minimum de 8 m. 00 environ, suffisante pour permettre l'approfondissement ultérieur du lit du fleuve.

Le sol de certains quartiers de Paris est à une altitude trop basse pour que les eaux puissent être drainées par simple gravitation jusqu'aux collecteurs principaux. Ces quartiers forment alors des bassins spéciaux dont les eaux amenées à des puisards sont refoulées par des usines dans le réseau général.

Ces usines sont au nombre de quatre : (leur zone d'action est figurée en hachures sur le plan d'ensemble)

L'usine Mazas située au pont Morland sur la rive gauche du Canal St-Martin où la force est produite par des moteurs à gaz pauvre alimentés par des gazomètres.

L'usine Sauvage qui relève dans le collecteur des quais de la rive gauche les eaux des quartiers bas du 13° arrondissement. Elle est constituée par un élévateur Francin basé sur la différence de densité existant entre l'eau pure et l'eau émulsionnée par l'air comprimé.

L'usine de la Cité qui rejette dans le collecteur Bas sur la rive gauche les eaux de l'Ile de la Cité ; comprend deux pompes centrifuges actionnées par un moteur à air comprimé.

L'usine d'Auteuil qui rejette les eaux des quartiers bas des 15° et 16° arrondissements en tête du collecteur. Dans cette usine qui dépend du Service des Machines, les pompes nécessaires au relèvement des eaux d'égout ont été installées et leur fonctionnement est assuré par le dit Service des Machines.

IMG_1392

A suivre dans Ptolemaeus, les plans des bateaux-vannes et wagons-vannes utilisés dans le réseau des égouts de Paris en 1930.

Edit du 18 avril 2010 : Suite à la parution des articles concernant les égouts de Paris, Ptolemaeus a été cité sur le blogue de l'association Action Barbès dans une note sur le collecteur des Coteaux.

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Commentaires
J
Le mot effacé qui n'a pu être transcrit au paragraphe consacré au siphon Mirabeau est "bâche". Une bâche est un terme de travaux publics désignant bassin d'arrivée des eaux dans lequel plongent dans ce cas les conduites d'aspiration des pompes de relèvement.
M
Tout ceci est parfaitement exact.
Ptolemaeus
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